Vol plané
Chacune, chacun peut remarquer que la tôle, essentiellement galvanisée il y a encore une vingtaine d’années, est un couvert largement utilisé dans le bâti de la montagne du Jura. Elle est devenue un marqueur indispensable à la bonne lecture des paysages, comme l’indique la perception du territoire de Lajoux depuis le col de Magnard. Unité.
Aussi n’est-il pas surprenant que ce matériau à la fois léger, résistant et ininflammable, soit la seule relique matérielle de la tornade. Mémoire.
Fichées dans le sol, phagocytées par la végétation, piétinées par les bovins, oxydées et dentelées par les intempéries, elles dessinent toujours les méandres capricieux du désastre.
Empreintes.
Par le seul fait d’un vol plané de plusieurs kilomètres indépendant de la volonté humaine, et après avoir été livrées 50 années à elles-mêmes, ne sont-elles pas singulières et ne méritent-elles pas une attention particulière ? Exploit.
Mais allons plus loin encore ! Au-delà de la charge affective et émotionnelle portée par ces reliques, considérons que leur réplique est impossible, que leur froissement, leur mouvement, leurs pliures ne sont pas reproductibles, que seule la tornade pouvait les créer et qu’à ce titre elles sont des pièces uniques non dénuées de beauté. Reconnaissance.
Alors, voici ces tôles estampillées, élevées avec bienveillance et considération au rang d’œuvres d’art prêtes à l’emploi, des « Ready made », disaient naguère certains devenus célèbres : Niki de St Phalle, Marcel Duchamp, Jean Tinguely, Arman.... Esthétique.
Tôlée générale !